Rien ne se créé, rien ne se perd, tout ce monnaye
NEW YORK (AFP) - Comédies, drames familiaux, thrillers... seize films seront montrés pendant dix jours au Festival du film français de New York, avec pour tous un même objectif : tenter de se faire une place dans un marché américain de plus en plus difficile d'accès.
Pour "La Môme", "La faute à Fidel", "Dans
Paris", "Flandres", "Prête-moi ta main" etc, la 12e édition de
"Rendez-Vous with French Cinema" sera jusqu'au 11 mars une vitrine de
choix avant une sortie américaine et l'occasion pour certains de
trouver un distributeur.
L'enjeu n'est pas mince, les USA
représentant un quart des recettes mondiales du cinéma français. En
2006, les productions hexagonales y ont réalisé 91,7 millions de
dollars, soit 14 millions d'entrées.
Mais ces chiffres incluent de grosses
coproductions dans lesquelles la France n'est pas toujours majoritaire,
comme "Silent Hill" de Christophe Gans ou "The Queen". Loin derrière
dans le box-office arrivent "Caché", "La Science des Rêves" ou "Vers le Sud".
Les énormes succès de "La Marche de
l'empereur", "Amélie Poulain" sont autant d'exceptions, relève John Kochman, directeur
d'Unifrance USA, chargé de promouvoir le cinéma français.
Tout cela est tempéré par le fait qu'il y a de moins en
moins de spectateurs par film".
Selon lui, "l'ancien public américain des films français n'est pas remplacé. C'est en partie lié aux habitudes des jeunes, élevés devant la télévision, les jeux vidéo".
Le public se tourne vers les DVD, le téléchargement, la vidéo à la demande, supports peu favorables aux films étrangers, aux sous-titres peu lisibles sur petit écran ou aux moindres moyens de distribution.
"Même les studios (hollywoodiens) ont du
mal à garder le public de salle", dit M. Kochman. "Mais tant que des
distributeurs auront la passion des films français, nous pouvons être optimistes". Mais "Ce n'est pas
une très bonne période pour les films en langue étrangère" (2% du marché américain).
En cause aussi : la fermeture des salles (à New York
du fait de la pression immobilière) et la concurrence du cinéma
américain indépendant y compris depuis cinq ans des documentaires.
L'évolution des genres dans le cinéma français désarçonne, tout comme l'arrivée de nouveaux acteurs, ajoute M. Urman.
"Les gens donneront leur chance à
Catherine Deneuve, Gérard Depardieu, mais ils n'aiment pas forcément,
ou ne connaissent pas, les plus jeunes", dit-il. "Et les films changent. Nous recherchions une image de la France élégante,
sophistiquée, des personnages qui fument, sexuellement évolués... un
mythe peut-être. Puis le mythe a été altéré par des images troublantes,
de luttes sociales, de tensions".
Le boom des comédies aussi est un défi. La
sortie en avril de "La doublure" de Francis Veber sera "un beau
challenge", relève M. Kochman qui place beaucoup d'espoir dans "Fauteuils d'orchestre" de Danièle Thompson, sorti à New York
le 16 février sous le titre "Avenue Montaigne" : "un film sophistiqué
mais accessible, où tout le monde est beau, il y a Paris, de la
romance, un peu de désespoir, mais pas trop!"
Le démarrage est bon, mais le vrai test
viendra dès la semaine prochaine, avec sa sortie à Washington, Los
Angeles et dans les banlieues, indispensables à une rentabilité rapide.
Votre humble narrateur se demande si les sous titrages en langage SMS auraient plus de succes...