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Icare : fils des lumières
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22 mars 2007

Ca sent le printemps

papillons

RENNES (AFP) - Laisser pousser des herbes folles dans les jardins pour sauver les papillons en déclin : une initiative originale lancée par une association écologiste bretonne fait des émules dans toute la France.

En créant en 2004 les premiers "refuges à papillons" dans les Côtes d'Armor, l'association Vivarmor ne s'attendait pas à un tel engouement. "Nous demandons aux gens de laisser dans leur jardin quelques mètres carrés d'herbes sauvages, des ronces, des orties... dont les chenilles raffolent, et de mettre quelques plantes riches en nectar comme les trèfles, la sauge ou les marguerites, pour nourrir les papillons adultes", explique Jérémy Allain, responsable de l'opération.

"Les jardins bien +nickel+ avec pelouse bien tondue sont de véritables déserts pour les papillons, qui manquent de refuges, alors que les jardins sauvages peuvent être aussi très jolis", assure-t-il, en invitant à éviter les traitements chimiques.

"Nous sommes arrivés à 100 hectares de refuges en trois ans", se félicite M. Allain. "Tous nos adhérents, dont beaucoup de familles avec enfants, nous ont certifié qu'ils voient plus de papillons qu'avant". En s'engageant à respecter une charte disponible sur internet, les jardiniers amateurs peuvent recevoir un panneau identifiant le refuge.

Un inventaire réalisé dans les Côtes d'Armor a constaté la perte de 25% des espèces depuis les années 1920, en raison notamment de l'usage massif de pesticides et de la disparition des friches.

"On prend le papillon parce que c'est un bon ambassadeur" pour sensibiliser au problème de la biodiversité, explique M. Allain. "L'idée est que tout le monde peut agir concrètement, ce n'est pas seulement l'affaire de l'Etat ou des associations".

Vivarmor a rapidement été sollicité, ailleurs en France et jusqu'en Belgique, par des particuliers intéressés par la démarche.

L'association Noé Conservation, qui a monté depuis le printemps 2006 une opération nationale de recensement des lépidoptères avec le concours de 16.000 jardiniers amateurs, a décidé de mobiliser son réseau dès ce printemps pour développer la création de "refuges", rebaptisés "jardins à papillons", dans tout le pays.

"Le but est de faire changer le comportement des gens dans leur jardin", explique Karine Langloys, responsable de l'éducation à la biodiversité pour l'association. "La France possède 13 millions de jardiniers responsables d'un quart de la pollution des eaux de surface et des nappes souterraines. Les jardins représentent en surface quatre fois plus que les réserves naturelles. C'est un véritable enjeu".

Plusieurs collectivités locales ont déjà emboîté le pas aux particuliers, comme la commune de Trégueux (Côtes d'Armor), en banlieue de Saint Brieuc. "Nous avons qualifié de refuges à papillons une partie de nos espaces verts dans lesquels nous laissons se développer la végétation spontanée, considérée souvent comme des mauvaises herbes", explique le maire adjoint à l'environnement, Alain Jouan.

S'il reconnaît que le projet ne passe pas toujours bien auprès des riverains, il constate une réduction des usages de produits chimiques et du débroussaillage qui profite à l'environnement... et aux finances de la ville.

"Protéger les papillons, ça peut paraître farfelu, mais c'est pour protéger la biodiversité et donc l'homme", assure-t-il.

Par Daniel ARONSSOHN

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