Les tribulations d'une thaïlandaise en Asie
NARATHIWAT (AFP) - Une vieille chanson a permis de percer le mystère
sur le passé d'une Thaïlandaise de confession musulmane que sa famille
croyait morte depuis 25 ans.
En fait, Jaeyaena, 76 ans aujourd'hui, avait pris par
erreur des autocars qui, au lieu de la ramener dans son village de
Dusongyo, l'avaient conduite d'abord à Bangkok, à quelque 1.200 km plus au nord, puis à Chiang Mai, à 700 km encore plus au nord.
Or, cette femme ne parle que le yawi, dialecte utilisé dans le Sud musulman et malais de la Thaïlande,
ce qui l'a empêché de se tirer de ce mauvais pas, ont expliqué des
responsables d'un centre d'hébergement pour sans-abri de la province de
Phitsanulok où elle a vécu pendant deux décennies après avoir mendié
pendant cinq ans dans les rues de Chiang Mai.
Dans ce centre, elle avait été surnommée "Tante Mon" parce que son
langage ressemblait à celui des membres de l'ethnie Mon vivant le long
de la frontière avec la Birmanie.
Le mystère sur son passé a finalement été percé la semaine dernière
lorsque trois étudiants de la province de Narathiwat sont venus dans le
centre d'hébergement dans le cadre d'une étude sur les sans-abri.
Jaeyaena leur a chanté une vieille chanson en yawi et les étudiants ont
aussitôt cherché à comprendre qui elle était et où était sa famille.
Elle leur a dit qu'elle avait un époux malaisien et sept enfants, et
leur a alors raconté ses péripéties dans le nord de la Thaïlande.
La famille, alertée, a envoyé deux de ses membres la récupérer mardi.
"Elle se souvenait du nom de tous ses enfants et a reconnu son aînée",
a indiqué un responsable du centre d'hébergement en précisant que
Jaeyaena était retournée le lendemain dans son village du sud qu'elle
avait quitté il y a 25 ans.
A Dusongyo, quelque 500 personnes lui ont réservé un accueil triomphal.
"J'ai cru que j'allais mourir à Phitsanulok et j'ai envisagé à
plusieurs reprises de m'enfuir (du centre d'hébergement)", a déclaré
Jaeyaena à l'AFP. "Après toutes ces années, je ne parle toujours pas le
thaï".
Votre humble narrateur trouve que c'est beau quand la vie fait du cinéma...