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Icare : fils des lumières
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12 janvier 2007

Vive la mondialisation

Louvre

PARIS (AFP) - Le débat sur l'exportation des musées français à l'étranger, symbolisé par l'ambitieux et rémunérateur projet d'un Louvre à Abou Dhabi, n'en finit pas de rebondir, les uns dénonçant le mélange patrimoine et gros sous, les autres plaidant diffusion culturelle et réalité du terrain.

La polémique enfle depuis une semaine, les tribunes se multiplient et la liste de ceux qui estiment, sur www.latribunedelart.com, que les "musées ne sont pas à vendre", s'allonge. Jeudi matin, ils étaient 2.380, conservateurs, archéologues, historiens de l'art, personnels de musée ou simples "amis de l'art", à demander le "maintien de l’intégrité des collections des musées français" et à s'inquiéter des risques de dérives mercantiles.

Dans le collimateur, plusieurs projets en cours ou déjà achevés : une antenne du Louvre à Atlanta, un projet d'implantation du Centre Georges-Pompidou d'ici la fin 2007 à Shanghai et surtout, la perspective pilotée par le ministère de la Culture, d'un musée à Abou Dhabi estampillé Louvre mais regroupant les grands musées parisiens.

Les protestataires, répondant à une tribune signée de grands noms des musées comme Françoise Cachin, ancienne directrice des musées de France, et Jean Clair, ancien patron du musée Picasso, s'inquiètent de voir partir les oeuvres d'art pour des prêts à long terme. Mais surtout, ils déplorent une forme d'"entertainment business" à l'exemple "désastreux", écrivent-ils, du musée Guggenheim de New York, qui transforme l'oeuvre d'art en monnaie d'échange et assujettit l'art à des "enjeux politiques et diplomatiques".

Les "musées ne sont pas à vendre et nous ne vendons pas nos musées", a rétorqué jeudi Francine Mariani-Ducray, directrice des Musées de France du ministère de la Culture, interrogée par l'AFP. Le "paradoxe (de cette polémique), c'est que nous sommes attachés aux mêmes principes, de déontologie, de propriété publique inaliénable, d'absence de location commerciale des oeuvres qui constituent nos collections publiques", a-t-elle ajouté. Oui, il y aura prêt d'oeuvres, dit-elle, mais comme d'habitude, de deux mois à deux ans. Oui, il y a contrepartie financière et le chiffre de 500 M d'euros avancé dans la presse n'est pas "invraisemblable", mais ce projet "apporte une capacité de ressources que l'on aurait bien tort de mépriser", dit-elle.

Le ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres a annoncé jeudi que le produit de l'exportation des musées français à l'étranger n'irait pas dans "la caisse générale de l'Etat", mais serait réinvesti dans les musées nationaux. "Nous sommes dans le gagnant-gagnant", a-t-il affirmé lors de la séance des questions au Sénat. "L'idée qu'on va vider les cimaises du Centre Pompidou pour Abou Dhabi est un pur fantasme", a déclaré à l'AFP Bruno Racine, le président du Centre. Il s'agit d'une "stratégie culturelle" et d'une "réponse au défi de la mondialisation", a-t-il dit.

"Notre intérêt pour la Chine résulte d'une analyse sur la place qu'occupera ce pays sur la scène artistique mondiale dans les années à venir", a-t-il ajouté. Le musée du Louvre, symbole malgré lui du projet Abou Dhabi, se refusait jeudi à communiquer sur un sujet qui n'est pas de son ressort. Il précise cependant que l'antenne d'Atlanta, entièrement financée par des mécènes américains, lui rapportera 5,4 M, affectés à la rénovation des salles de mobilier du XVIIIe siècle français, et non 14 M EUR, somme évoquée ici ou là.


Article rédigé par Fabienne FAUR


Votre humble narrateur tient à rappeler que la prostitution est interdite... même pour la Joconde. Quelques points d'interrogation cependant :

1) La dérive pourrait aller jusqu'à côter en bourse les musées & donc  faire appel à des actionnaires. Quand on sait que ceux-ci demandent de plus en plus souvent des rémunérations de leurs actions à hauteur de 25 % du bénéfice (pour subventionner leurs retraites), quelle sera la prochaine stratégie du Louvre ?

2) Faire appel à ce service de location d'oeuvres d'art a un coût... auprès de qui se répercutera-t-il ? Combien les visiteurs devront-ils payer leur billet d'entrée ? Qui pourra se permettre d'accéder à la culture dans ces pays ?

3) Si un tel marché se développe, pourrons-nous rester compétitif ? N'est-ce pas le meilleur moyen de dévaluer le patrimoine artistique français (seule richesse qu'il nous reste) ?

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