Les déboires de l'Homme en Rouge

PAU (AFP) - Quand ils sont en verve, les pompiers trient dans leurs souvenirs d'interventions pour ne retenir que les scènes gentiment insolites, "petites farces" tragi-comiques confiées en marge de leurs congrès comme celui qui s'achève à Pau.

"Dans le Cher, il y a un petit gars qu'on surnomme Jésus-Christ", commence un pompier volontaire, patientant avec des collègues à l'arrière d'un camion rouge. "Vous savez pourquoi? poursuit-il, anonymement. Eh bien, un jour, un médecin avait constaté le décès d'une personne en arrêt cardio-ventilatoire. Parmi les pompiers, il y avait une nouvelle recrue qui n'avait pratiqué la réanimation que sur des mannequins, alors il a demandé à faire le massage cardiaque sur le mort, pour s'entraîner... Il a bien fait, car, heureusement, la victime s'est remise à respirer!"

Est-il bien vrai que pour une femme enceinte perdant les eaux, des pompiers mal renseignés soient un jour partis en trombe de leur caserne avec une moto-pompe?, comme le raconte un sapeur, à Pau. En tout cas, des pompiers volontaires de l'Isère certifient avoir été appelés par un mari obligé, au dîner, de se coiffer d'un casque parce que sa femme le frappait à coups de poêle.

Il y a, bien sûr, le chapitre des victimes égarées par l'alcool : On arrive pour un accident de circulation, à 4H00 du matin, à la sortie d'une boîte de nuit. Le type nous dit : "ce con de chien, je l'ai pas vu traverser!". C'était une vache qu'il venait de tuer, conte un volontaire des Pyrénées Atlantiques.

Au chapitre animaux, il y a ceux que les pompiers se refusent à sauver malgré eux, tel ce canard assis sur un caillou au milieu d'une rivière, près de Bayonne, dont une touriste imaginait qu'il était prêt à se noyer...

Les bêtes derrière lesquelles courent les pompiers ne seront jamais toutes listées, du cygne sur une voie de chemin de fer aux cochons sur une nationale, échappés d'un camion renversé.

A la manière d'Hitchcock, un adjudant-chef se souvient d'avoir été appelé pour une attaque de corbeaux sur une école : les oiseaux venaient taper dans les vitres des classes... Quand on est arrivés, ils étaient tous regroupés dans le champ à côté. On a relevé les marques sur les vitres. Mais tant qu'on était là, ils ne sont pas revenus. Pourquoi attaquaient-ils l'école? On ne le saura pas.

Quant à l'histoire du chat méchant... Je faisais la vaisselle un dimanche matin, raconte un chef de centre rural du Cher, j'ai été appelé par un homme qui m'a dit : "j'ai un problème avec mon chat, il est violent, il m'a griffé les choses de la vie..." comme on dit. On y est allés, on a ouvert une fenêtre, le chat est sorti. C'est tout!